Les estuaires

À la jonction des milieux terrestre, dulçaquicole et marin, les estuaires constituent des écosystèmes importants qui établissent un lien étroit entre cette mosaïque d’habitat en proposant de nombreux services écosystémiques. Les estuaires ont une très forte capacité d’exportation de matières, de ressources nutritives et d’organismes. Comme la plupart des écosystèmes côtiers, ils constituent un équilibre fragile et sont sensibles aux diverses pressions anthropiques (e.g. artificialisation du littoral, pollutions, dégradation des habitats).

La Corse, connue pour ses caractéristiques météorologique, hydrologique et topographique particulières, compte une grande variété de systèmes de milieux de transition (e.g. zones estuariennes, deltas, lagunes). Parmi ces systèmes, on recense une extraordinaire densité d’estuaires et particulièrement des Micro-Estuaires Temporaires (MET). Ils se distinguent des estuaires méditerranéens de par leur petite taille et leur connexion intermittente avec la mer. Ils sont constitués de plusieurs milieux (cours d’eau, zones humides, zone côtière) et compartiments (sédiment, herbiers, colonne d’eau).

L’écologie de ces MET ainsi que leur rôle sur le littoral sont encore méconnus. L’IFREMER à travers ces travaux sur le MET du Fiume Santu (Agriate, Haute-Corse), depuis 2014, a pu mettre en évidence deux fonctions écologiques essentielles : (i) fonction d’habitat et de nurserie et (ii) transfert trophique. Ces MET très productifs s’ouvrent généralement sur la zone côtière adjacente oligotrophe et semblent participer largement au maintien de la biodiversité. Ils nécessitent donc un suivi et la compréhension de leur fonctionnement écologique afin de pouvoir évaluer leur état environnemental dans une perspective de conservation.

Espèces représentatives des estuaires de Corse

Anguille Européenne
Anguilla anguillae

Ce poisson migrateur mesure entre 40 et 150 cm et peut atteindre 4 kg. L’anguille va passer au cours de sa vie dans des milieux très différents allant de l’eau douce à l’eau salée. Les estuaires constituent des sites de migration et d’accueil, tout comme les étangs, grâce à la présence de vastes herbiers. Cette espèce est présente dans ces zones humides littorales à différents stades de son évolution : civelle, jaune et argenté.

Petit gravelot
Charadrius dubiuss

Le Petit Gravelot est le plus petit des limicoles nicheurs de France. Les lagunes, ainsi que les bordures d'étangs, constituent les biotopes naturels classiques de l'espèce. Il peut être également observé sur les rives des estuaires. Il niche de préférence près des embouchures. Cette espèce est protégée et inscrite aux annexes II des Conventions de Berne et de Bonn. Elle est classé comme en danger (critère UICN « EN ») avec une forte priorité de conservation sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Corse de 2017.

Inule fausse criste
Limbarda crithmoides subsp longifoliae

L’inule de méditerranée ou fausse criste est une plante vivace, formant de petits buissons denses. Elle se rencontre principalement aux abords des étangs et des zones humides littorales (e.g. prés salés, bordures d’estuaires et sansouïres). Elle est présente également dans des fissures, des roches et falaises maritimes exposées aux embruns.

Tamaris africain
Tamarix africana

Espèce protégée, le tamaris africain est un arbuste commun en Corse. Il se rencontre principalement sur le littoral à proximité des zones humides littorales (e.g. estuaires, lagunes). Ces formations sont souvent halophiles. Les autres espèces appartenant au genre Tamarix présentes en Corse sont des espèces introduites, souvent plantées dans des jardins et parcs, surtout sur le littoral.

Localisation générale en Corse

Situé sur l’ensemble du pourtour littoral en fond de baie abritée ou le long du littoral sableux, la Corse compte un grand nombre de micro-estuaires temporaires.

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Documents Archimer (Archive Institutionnelle de l'Ifremer)