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Les lagunes

Nées de phénomènes géologiques variés à l’interface terre-mer, les lagunes offrent une grande diversité de milieux et un fort contraste paysager. Définir ou catégoriser les lagunes selon leurs caractéristiques physico-chimiques, biologiques et leur fonctionnement hydromorphologique n’est pas chose aisée tant la diversité est grande. D’autre part, il existe plusieurs classifications de ces zones humides et typologies de leurs habitats associés, pouvant être de portées nationales, européennes ou internationales. L’utilisation de chacune de ces typologies et classifications est motivée par les objectifs suivis et en particulier selon l’échelle de travail définie.

Depuis le 19e siècle, de nombreuses hypothèses ont été avancées sur la genèse des lagunes. Trois types de lagunes se distinguent : les lagunes de submersion, les lagunes d’origine sédimentaire et les lagunes tectoniques. Les lagunes de submersion sont rares. Leurs cordons littoraux sont souvent rocheux et non érodés par la transgression marine. Des travaux plus récents, milieu du 20e siècle, ont permis de préciser le contexte géologique des lagunes. Deux types de lagunes s’opposent :

  • les lagunes dynamiques, édifiées le long des littoraux meubles appelées : lagune sédimentaire ou lagune « sensu stricto »;
  • et les lagunes inscrites dans un substrat dur appelées : lagune tectonique ou « Bahira ».

Au niveau de la façade méditerranéenne française, la plupart des lagunes ont une origine sédimentaire et se sont formées durant la transgression marine Holocène. Elles sont généralement de faible profondeur (excédant rarement 2 m) et le lido est formé d’alluvions (sable marin ; e.g. Biguglia). Certaines lagunes ont une origine tectonique (e.g. Urbinu, Diana). L’effondrement des terrains côtiers envahis par la mer lors de la transgression marine a permis la formation de ces lagunes dont la profondeur est généralement plus importante (jusqu’à ± 10 m).

Les connaissances liées à la formation géologique des lagunes côtières et à leur fonctionnement permettent de préciser cette typologie basée sur des critères non biologiques. Certains scientifiques ont proposé une classification fonctionnelle des lagunes sédimentaires relative à la connectivité à la mer ou à leur degré de confinement : les lagunes ouvertes, semi-fermées et fermées. Ils décrivent également les lagunes de type estuarien (e.g. Balistra, Sperone). L’opposition du lido aux petits fleuves côtiers dont le débit est peu important, notamment à l’étiage, a permis la formation d’étangs étroits et encaissés. Les environnements deltaïques sont également des milieux propices à la formation de lagunes dites deltaïques (e.g. Delta de l’Osu, Delta du Stabiacciu). L’apport important d’alluvions dans les golfes peu profonds a permis l’installation de petits étangs aux embouchures des fleuves. Parmi ces lagunes deltaïques, les plus littorales sont protégées par des flèches littorales dont les formes assez labiles et fragiles.

Espèces représentatives des lagunes de Corse

Flamant rose
Phoenicopterus roseus

Cette espèce est présente presque exclusivement sur le pourtour Méditerranéen en France. Le Flamant rose ne niche qu’en Camargue. S’il y a quelques dizaines d’années il était rare en Corse, de nos jours nous pouvons le voir par centaines sur les étangs de la côte orientale (e.g. Biguglia, Urbinu, Palu) et de l’extrême sud (e.g. Santa-Ghjulia). D’ailleurs sur l’étang de Biguglia en période hivernale près de mille flamants peuvent être observés.

Leste à grand stigmas
Lestes macrostigma

Grande demoiselle observable à partir du mois de mai sur les principaux étangs de Corse, Lestes macrostigma se distingue aisément par ses couleurs vert et bleu cuivrées. Rare et menacée, la bonne qualité des zones humides est un critère essentiel pour son bon développement. Elle est reconnue comme bon indicateur du changement climatique et fait partie à ce titre des 18 taxons du Plan national d’actions « Odonates ».

Ruppie spiralée
Ruppia cirrhosa

C’est une plante à fleurs aquatique caractéristique des eaux côtières saumâtres. Elle forme essentiellement des herbiers qui jouent un rôle essentiel dans l’oxygénation du milieu aquatique, sert de refuge aux poissons juvéniles et les oiseaux consomment ses graines. Elle produit une longue inflorescence étroite inclinée avec deux petites fleurs à l'extrémité. Lorsque le fruit se développe, le pédoncule forme une spirale bien marquée.

Aphanius de Corse
Aphanius fasciatus

Ce petit poisson des eaux saumâtres s’observe sur tout le pourtour méditerranéen. La disparition de son habitat de prédilection de même que l’introduction d’espèces qui le concurrencent ont conduit à son inscription à la DHFF. En France, seules les zones humides de Corse l’hébergent encore : les étangs de Biguglia, de Palu, de Santa-Ghjulia, le delta de l’Osu, etc.

Localisation générale en Corse

En Corse, les lagunes côtières sont relativement de petite taille. Nous pouvons en dénombrer plus d’une soixantaine sur l’ensemble du littoral. Leur superficie globale atteint plus de 3 500 hectares. Nous pouvons observer les grandes lagunes, telles que : Biguglia (1 450 ha), Urbinu (790 ha), Diana (570 ha) et Palu (110 ha), sur la plaine orientale et les étangs de plus petites tailles tels que : Arasu (23 ha), Santa Giulia (24 ha), Balistra (24 ha), Testarella (14 ha) dans les microrégions de Porto-Vecchio et de l’Extrême Sud. Il existe aussi des lagunes temporaires, à titre d’exemple nous pouvons citer les étangs de Chevanu (2,3 ha) et de Crovani (2,6 ha).