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Les mares temporaires

Les mares temporaires méditerranéennes sont des petites zones humides, peu profondes (15 à 60 cm), caractérisées par une alternance de phases sèches et de phases inondées. Ces cuvettes au fond imperméable présentent un cycle hydrologique intimement lié aux fluctuations du climat méditerranéen. Leur mise en eau débute généralement à la fin de l’automne et se fait principalement par les eaux de pluies et de ruissellement, plus rarement par les eaux souterraines. L’assèchement intervient à la fin du printemps essentiellement par évaporation.

Ces variations saisonnières ainsi que le caractère oligotrophe de l’eau ont favorisé la sélection d’espèces végétales et animales rares et originales parfaitement adaptées à ce milieu.

Une flore riche et variée, composée d’espèces rares et protégées se dévoile au fil des saisons : isoète à voile, pilulaire délicate, littorelle à une fleur, renoncule de Revelière, élatine de Brochon ou bien encore pulicaire commune. La plupart des végétaux sont de petite taille (nanogéophytes à bulbes, nanothérophytes). Ce nanisme peut être interprété comme dû à la pauvreté minérale du substrat et de l’eau, à la courte durée de la phase inondée et à la faible profondeur du substrat.

La faune est aussi très originale avec la présence de petits crustacés comme le triops cancriforme, d’insectes (e.g. libellules, coléoptères) et de 4 espèces d’amphibiens (rainette sarde, grenouille de Berger, discoglosse sarde et crapaud vert).

Les mares temporaires méditerranéennes contribuent au maintien de la biodiversité mondiale par leurs communautés animales et végétales spécifiques. Elles sont inscrites comme habitat prioritaire au titre de la directive "Habitats-Faune-Flore" et peuvent être désignées depuis Novembre 2002 comme Zone Humide d’Importance Internationale au titre de la Convention de Ramsar. C’est le cas pour la Réserve Naturelle des Tre Padule de Suartone qui protège quatre mares temporaires méditerranéennes nichées sur le plateau granitique de Campucceli et qui est classé depuis 2007 site Ramsar.

Différents types de mares temporaires se distinguent en fonction de leur origine (naturelle ou artificielle), du substrat sur lequel elles sont installées (granitique, calcaire), de leur morphologie et de leur formation.

Les mares d’origine naturelle naissent de l’érosion du sol. Elles peuvent être présentes sur d’anciennes plates-formes littorales formées lors des hauts niveaux marins quaternaires (e.g. Capandola, Chevanu), dans des dépressions d’origines tectoniques où le jeu de faille a provoqué la formation de compartiments effondrés (mares de la réserve naturelle des Tre Padule de Suartone), mais également dans des dépressions liées à des érosions et des dépôts par les eaux courantes ou fluviatiles.

Dans la région de Bonifacio, il existe sur substrat calcaire de petites dépressions, qui, les années très pluvieuses sont inondées par la remontée de la nappe phréatique (Musella, Padulu).

De minuscules mares temporaires, très peu profondes et s’asséchant rapidement au cours du printemps, se localisent dans des cavités de rochers granitiques. On appelle de telles dépressions des mares cupulaires.

D’autres sont issues de l’action de l’homme qui a creusé le substrat pour créer des abreuvoirs pour le bétail (e.g. Taglia Carne, Canusellu). Dans le massif de Frasselli, certaines mares ont même été créées ou approfondies par des tirs d’obus lors de manœuvres militaires.

Espèces représentatives des mares temporaires de Corse

ISOÈTE À VOILE
Isoetes velata

Les fines feuilles en rosette de cette petite plante amphibie présentent à leur base un sporange (organe reproducteur) recouvert par un « voile ». Aquatique en hiver, elle « disparaît » après exondation.
Elle est rare sur le continent, mais assez bien représentée en Corse où elle forme souvent de très beaux peuplements.

PILULAIRE DÉLICATE
Pilularia minuta

La découverte de Pilularia minuta sur les Tre Padule de Suartone, une première pour la Corse, est à l’origine de la reconnaissance de la haute valeur floristique du site.
Minuscule plante amphibie des mares temporaires, caractérisée par son rhizome traçant et ses feuilles filiformes, elle est classée comme espèce en danger d’extinction (EN) sur les listes rouges mondiale et européenne de l’UICN.

LITTORELLE À UNE FLEUR
Littorella uniflora

Cette petite herbacée amphibie présente deux formes : l’une aquatique et stérile, l’autre terrestre et fleurissante, correspondant à sa transformation après exondation. Sa floraison et sa fructification se déroulent en début d’été, après émersion.

TRIOPS CANCRIFORME
Triops cancriformis

Ce crustacé aquatique d’eau douce de la famille des notostracés, au corps aplati dorso-ventralement possède une carapace dorsale ovale et carénée couvrant la tête, le thorax et une partie de l’abdomen. Sa taille peut atteindre 10 à 11 cm. Les yeux composés sont sessiles et dorsaux. Il possède des pattes foliacées, dont les deux premières paires sont locomotrices.
Les œufs sont déposés en agrégats sur le fond des mares juste avant l’assèchement. Véritables coffres-forts, ils sont capables de survivre plusieurs années sans eau et écloront dès que les conditions sont favorables.

Localisation générale en Corse

Les mares temporaires sont présentes sur tout le pourtour de la Méditerranée et dans les régions du monde bénéficiant d’un climat méditerranéen. La Corse compte 109 mares temporaires réparties sur 68 sites localisés dans 5 microrégions (Cap Corse, Agriate, Sartenais, Porto-Vecchio et Extrême Sud) et représentant une surface d’environ 42 ha.

Très présentes dans le Sud de l’île, elles peuvent être faciles d’accès en bord de routes ou très enclavées dans le maquis, à des altitudes le plus souvent comprises entre le niveau de la mer et 300 m.